Commerce illégal des ânes : Une soixantaine d’acteurs réunis autour d’un atelier de formation

Atelier de formation sur le commerce illégal des peaux d'ânes/Ph : CPZ

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L’Institut africain pour le développement économique et social (INADES) et l’ONG Action pour la promotion des initiatives locales (APIL) ont organisé, ce 19 décembre 2024 à Ouagadougou, un atelier de partage sur la situation du commerce illégal des ânes et de leurs produits en Afrique de l’Ouest. Cet atelier vise à inciter le gouvernement à adopter un décret révisé pour mieux réglementer l’abattage et l’exportation des ânes, des chameaux, des équidés et de leurs produits.

Chaque année, près de 65 000 ânes sont abattus au Burkina Faso. Sur le plan international, 5,8 millions d’ânes sont abattus chaque année. Selon les statistiques, les chiffres pourraient atteindre 6,9 millions en 2027, si rien n’est fait. Cette situation alarmante est liée à une demande croissante en peaux d’ânes, exportées en masse pour produire l’« ejiao », un remède traditionnel prisé pour des vertus esthétiques. Ce commerce, à la fois lucratif et clandestin, menace non seulement l’espèce asine mais aussi l’économie rurale et l’environnement au Burkina Faso.

Kadré Sanfo, Directeur de la santé publique vétérinaire et de la législation au ministère de l’Agriculture

En 2016, le Burkina Faso a tenté de répondre à cette crise en adoptant un décret visant à réglementer l’abattage et l’exportation des ânes. Mais ces textes se sont avérés insuffisants. « Ils transportent désormais les animaux clandestinement vers les frontières du Ghana, où les lois sont moins strictes », explique Kadré Sanfo, Directeur de la santé publique vétérinaire et de la législation au ministère de l’Agriculture.

Emmanuel Boure Sarr, Directeur régional de Brooke Afrique de l’Ouest

Cette situation a des conséquences catastrophiques pour les ménages ruraux. Les ânes, essentiels pour le transport et les travaux agricoles, sont au cœur de l’économie locale. Une étude menée en 2019 a montré que la perte d’un âne entraîne une diminution des revenus de 20 à 30 % pour les familles rurales. Emmanuel Boure Sarr, Directeur régional de Brooke Afrique de l’Ouest, souligne que cette crise accentue la précarité des agriculteurs. « Ce commerce met en péril les moyens de subsistance de nos populations, tout en alimentant une industrie florissante à l’étranger », dit-il. Selon lui, sans une action collective, l’espèce asine pourrait disparaître dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Les participants à cet atelier

Pour que ces mesures soient efficaces, une campagne de sensibilisation doit être menée auprès des communautés rurales, premières victimes de ce trafic. Informer les agriculteurs sur les impacts économiques, sociaux et écologiques de la disparition des ânes est une étape cruciale. En parallèle, des mécanismes rigoureux de suivi et de contrôle doivent être mis en place pour freiner le commerce clandestin.

Jean-Marie Batiebo, représentant le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques

Le présent atelier réunit une soixantaine de participants autour des questions liées au commerce des peaux d’âne. Jean-Marie Batiebo, représentant le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, a salué la pertinence de cet atelier dans la préservation de cette espèce en danger. Pour lui, il est nécessaire de réfléchir à des mesures drastiques pour venir à bout de ce trafic. Pour cela, « il est crucial d’impliquer non seulement les autorités nationales mais aussi les pays voisins pour une réponse concertée ».

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